Le Réchauffement Climatique: Défis et Opportunités (Partie II)

Mardi, Février 01, 2022

Le Réchauffement Climatique: Défis et Opportunités (Partie II)

La Fondation Kemet Boutros-Ghali pour la paix et la connaissance (KBG) a organisé le deuxième webinaire de sa série intitulée « Le Réchauffement Climatique : Défis et Opportunités ». Le dialogue était animé par l’ambassadeur Raouf Saad, membre du conseil d’administration de la Fondation. Parmi les questions soulevées figuraient les problèmes résultant du réchauffement climatique aux niveaux de la santé, de l’économie, de la sécurité alimentaire et de la migration, en particulier ce que l’on appelle aujourd’hui les zones de refuge climatiques.

 

M. Mamdouh Abbas, président de KBG, a noté que si les émissions thermiques et la surconsommation des ressources sont dus en majeure partie à la politique et aux modes de consommation des nations riches, les pays en développement sont ceux qui souffrirent le plus des conséquences du réchauffement climatique.

M. Abbas a attiré l’attention sur l’annonce de la Banque mondiale selon laquelle le nombre de réfugiés en raison du réchauffement climatique pourrait atteindre environ 216 millions en moins de 30 ans. Cette déclaration a été corroborée par M. Ayman Zahari, spécialiste des études sur la population et les migrations. Il a confirmé que ce chiffre correspond à la taille d’un pays comme le Brésil ; il a également indiqué que l’on s’attend en Égypte à la migration forcée de 1,5 million de personnes du nord du delta en raison du réchauffement climatique.

 

Le Dr. Moataz Khurshid, ancien ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, a souligné la nécessité et l’importance de rechercher des moyens nouveaux et novateurs de faire face au réchauffement climatique. Il a noté que la situation ne peut se contenter des solutions traditionnelles, d’où l’importance de "l’innovation communautaire" soutenue par le secteur privé. Il a également souligné la nécessité d’élaborer des indicateurs d’évaluation de performance, d’autant plus que l’Égypte se trouve maintenant dans une position moyenne d’après ces indicateurs, et la nécessité d’améliorer cette situation.

 

Dans le même ordre d’idées, le Dr Lamia Mohsen, doyenne de la Faculté de médecine de l’Université de New Gizeh, a mis l’accent sur la synergie entre les établissements universitaires et les efforts actuels de la communauté pour mitiger les changements du climat. Elle a également souligné l’importance d’intégrer les résultats des études sur le climat dans les programmes éducatifs, ainsi qu’elle en a pris l’initiative à New Gizeh. Elle a également animé le lancement du rapport "Compte à rebours de la santé et du réchauffement climatique : code rouge", qui est l’un des rapports internationaux les plus critiques dans ce domaine.

 

Les participants au webinaire ont également parlé des problèmes de santé et de sécurité alimentaire causés par le réchauffement climatique, en particulier la hausse des températures. Le Dr Maha Rabat, ancien ministre de la Santé et de la Population, a souligné que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) s’attend à 250 000 décès entre 2030 et 2050 en raison d’épidémies, de maladies et d’épuisement dû à la chaleur. Cela exige une action et une solidarité accrues entre tous les responsables de la santé à travers le monde, car les conséquences du réchauffement climatique transcendent les frontières et les régions.

 

Le Dr. Ayman Abou Hadid, ancien ministre de l’Agriculture, a souligné que le réchauffement climatique et la hausse des températures affecteraient la composition des cultures et augmenteraient la salinité des sols. Cela constitue une menace pour la sécurité alimentaire et signifie la perte d’un grand nombre d’emplois de travailleurs agricoles, les éloignant ainsi des côtes qui seront menacées par l’élévation du niveau de la mer.

Abou Hadid a mis en lumière la nécessité de protéger la région du delta nord en construisant des bâtiments pour préserver le terrain, d’autant plus que la hauteur prévue à ce jour ne dépasse pas le mètre. Il a également suggéré que toutes les terres récupérées soient traitées dans le cadre d’un plan pour l’agriculture et l’industrialisation et que le génie génétique des cultures et les méthodes modernes d’irrigation se doivent d’être examinés. "L’Égypte a développé une stratégie pour le développement agricole durable depuis 2009, et de nombreuses initiatives ont été ajoutées à la stratégie 2030 de l’Égypte," explique-t-il.

 

Pour sa part, l’experte de l’OMS, le Dr Samar El-Feki, a examiné l’initiative régionale et internationale de l’OMS intitulée Villes-Santé. Ces villes, actuellement au total de 114, ont été planifiées de sorte que toutes leurs institutions, et pas seulement le secteur de la santé, puissent améliorer les conditions de vie et créer un environnement sain et favorable à l’ensemble de la population. Les objectifs sont ensuite mesurés au moyen de 80 indicateurs utilisés par l’OMS pour évaluer la performance des villes, en particulier en ce qui concerne les phénomènes climatiques.

 

Alors que l’Égypte accueille la COP 27 sur le réchauffement climatique cette année, l’Ambassadeur Gamal Gaballah, Directeur du Département de l’environnement de la Ligue des États arabes, a souligné la nécessité d’une action unifiée pour tenir les pays développés responsables envers les pays en développement les plus touchés par le réchauffement climatique. Il a également parlé d’un besoin de solidarité entre les pays en développement pour trouver des solutions aux négociations avec les pays développés. L’ambassadeur Gaballah a également ajouté que la Ligue arabe avait un modèle Richter servant mesurer le réchauffement climatique et son impact sur les ressources en eau jusqu’en 2050.

 

Mme. Laila Iskander, ancien ministre de l’Environnement et du Développement urbain, a également souligné l’importance de l’accord sur le méthane à la COP 26 tenue à Glasgow, en Grande-Bretagne. Ce gaz est plus dangereux que le dioxyde de carbone. Pourtant, la possibilité d’atténuer ses effets semble plus facilement réalisable, ce qui est une excellente occasion d’obtenir le soutien des pays développés, d’autant plus que les négociations n’entreront pas en conflit avec les travailleurs du pétrole, "ce qui est mis en évidence par la signature de quelque 90 États ratifiant la nécessité d’atténuer l’impact de ce gaz." ajoute-t-elle.

 

M. Mamdouh Abbas a conclu en exhortant à poursuivre ce dialogue avec les scientifiques, les spécialistes et les parties prenantes afin d’élaborer un plan intégré contribuant à l’orientation de l’Égypte lors de la prochaine Conférence des Parties qui se tiendra à Sharm el-Cheikh.