Réseaux numériques et défis régionaux

Mardi, Juillet 06, 2021

Réseaux numériques et défis régionaux 

 

La Fondation Kemet Boutros Ghali pour la Paix et la Connaissance (KBG) a organisé un webinaire portant sur les considérations politiques et économiques des câbles marins. M. Magued Othman, ancien ministre de la Communication, et l’ingénieur Ahmed Abdelatif, expert en communication, en étaient les principaux conférenciers, et M. Ahmed Darwish, ancien ministre du Développement de l’administration, en était le médiateur.

 

Le président de KBG, M. Mamdouh Abbas, a soulevé de nombreuses questions sur la concurrence actuelle entre les pays pour les mégadonnées et les câbles marins. Il a également discuté de l’importance de la géographie de l’Egypte en ce qui concerne l’hébergement de lignes reliant l’Europe à l’Afrique et sa contribution à l’industrie.

 

M. Darwish a présenté le premier conférencier, M. Othman, en soulignant que bien qu’il ait pris la relève du ministère des Communications à un moment très critique en 2011, il a été en mesure de travailler efficacement sur les dossiers de communication du pays. M. Othman est actuellement le directeur exécutif de « Basira », un établissement bien connu qui mène et analyse des sondages.

Le développement historique des câbles marins a été décrit par M. Othman, qui a déclaré que son histoire remonte à la Première Guerre mondiale, lorsque les grandes puissances dépendaient largement des câbles marins pour contrôler et diriger leurs colonies dans le monde entier. Ces câbles étaient alors cryptés sur des radiofréquences élevées.

M. Othman a parlé de deux incidents d’une grande importance dans l’histoire des câbles marins, en 1917 et en 1970, pour expliquer l’utilisation historique des câbles à des fins d’espionnage et souligner les possibilités infinies à cet égard avec la technologie de pointe d’aujourd’hui. Il a également cité des exemples de la contribution des câbles aux découvertes scientifiques, comme celle de la fibre optique.

Le crime organisé a également entaché l’histoire des câbles marins, comme l’a expliqué M. Othman, ajoutant que les lignes reliant la Thaïlande à Hong Kong ont été volées et vendues sous forme de fils de cuivre. De tels événements attestent de la difficulté de fixer des câbles étirés à des centaines de milles sous-marins.

« Cependant, les câbles marins sont encore nécessaires, car ils transportent près de dix billions de dollars d’échanges commerciaux et de communications dans le monde entier », a déclaré M. Othman.

 

Dans le même contexte, l’ingénieur Ahmed Abdellatif, un expert de renommée internationale, a ajouté que les câbles marins transportent près de 97%  de la communication mondiale. Il a souligné que l’Égypte jouit d’une situation géographique avantageuse en ce qui concerne les réseaux maritimes. Comme il l’a laissé entendre, c’est un fait qui ne devrait pas être tenu pour acquis, mais plutôt enrichi par le travail acharné pour améliorer son potentiel.

Selon Abdellatif, il existe plusieurs lignes de réseau marin, dont la première est celle qui couvre la côte ouest des États-Unis.

« C’est l’épine dorsale qui relie l’Asie, l’Europe et les États-Unis. Il y a aussi une ligne unique vers la région du Golfe lancée de Fujairah aux Émirats arabes unis (EAU). Djibouti est le point focal des réseaux de communication de l’Afrique, tandis que l’Égypte est une voie importante reliant le Moyen-Orient à l’Europe. » a-t-il expliqué.

La plupart des réseaux maritimes sont des coentreprises, comme l’a dit Abdellatif. Les coûts élevés de l’établissement de ces réseaux ont appelé à un financement collectif. Pourtant, Abdellatif a souligné l’investissement continu du secteur privé dans ce domaine que les gouvernements ont dominé pendant des années. Malgré le grand potentiel du secteur privé et ses capacités financières, l’industrie peut difficilement être contrôlée par les règles connues de bonne gouvernance, a expliqué Abdellatif.

Abdellatif a également fait référence à l’avancée de la « diplomatie numérique » utilisée pour soutenir les intérêts politiques du pays. Il a conclu en exhortant le gouvernement à encourager les multinationales de communication à ouvrir des bureaux et des installations en Egypte pour aider à faire de l’Egypte un centre de communication attrayant, en établissant une zone franche avec moins d’exigences bureaucratiques pour une économie numérique.

 

La commissaire à l’infrastructure et à l’énergie de l’Union africaine, Dr. Amany Abou Zeid, a souligné que les câbles maritimes étaient devenus l’épine dorsale du développement économique, car la connectivité s’est avérée être la base des économies mondiales, surtout après le confinement de la COVID-19.

La numérisation est actuellement l’infrastructure du 21ème siècle, et l’Afrique connaîtra l’équivalent d’avoir de nouvelles richesses et opportunités pétrolières en ce siècle. Selon le Dr. Abou Zeid, bien que toujours novice dans cette technologie, le continent peut combler la demande et prospérer dans ce secteur.

 

Un câble maritime qui passe par un pays comme l’Afrique du Sud signifie pratiquement une augmentation de son PIB de 6%, tandis que Djibouti s’attend à plus de 24 millions de dollars à ajouter à ses revenus d’ici 2025 pour l’hébergement de ces câbles. Abou Zeid a conclu que le continent africain compte seize États enclavés qui ont besoin de moyens créatifs pour connecter leur économie au monde. Actuellement, l’établissement de zones franches sur tout le continent ne signifierait peut-être pas commerce et industrie, mais bien l’avènement de réseaux numériques.