Le Réchauffement Climatique : Défis et Opportunités

Dimanche, Octobre 10, 2021

Le Réchauffement Climatique : Défis et Opportunités

 

Lors du webinaire de la Fondation Kemet Boutros Ghali pour la paix et la connaissance (KBG) intitulé "Changement climatique : défis et opportunités", les participants ont souligné la nécessité de développer des projets d’énergie propre, en particulier en Egypte et dans la région méditerranéenne, qui comptera parmi les régions les plus touchées du monde. Ils ont également insisté pour que des fonds internationaux soient mis en place en vue de financer les coûts d’adaptation et de mitigation à venir.

 

Les experts ont souligné que ledit coût, à l’issue de négociations entre les principaux pays en développement et les pays industrialisés pourrait s’élever à quelque 23 milliards de dollars. Cette somme serait une pierre d’achoppement pour le développement durable des pays en développement, qui subiront le plus fort des effets néfastes du changement climatique sous toutes ses formes.

 

Dans ce contexte, KBG a organisé un webinaire sur le changement climatique, afin d’aborder les défis et opportunités à venir pour les pays en développement. M. Mamdouh Abbas, président de la Fondation, a souligné que les risques ne sont plus une théorie, mais une réalité à laquelle nous sommes tous confrontés.

« Tout le monde a suivi la variabilité climatique récente, les sécheresses, les feux de forêt, les volcans, les torrents et les températures anormalement élevées. Ces phénomènes se multiplieront à moins que nous ne prenions la question au sérieux et ne réduisions le réchauffement climatique à moins de 1,5 degré Celsius ».

Abbas a déclaré que malgré les avertissements des scientifiques et certains politiciens rationnels, malgré la quantité de réunions, conférences et promesses à cet égard, la situation devient plus complexe.

« Nous sommes encore dangereusement loin des chiffres et des taux visés. Les pays en développement en subiront les conséquences, notamment en raison de la pauvreté croissante, des migrations de masse, du chômage, des troubles et de l’instabilité politique. »

 

Un grand nombre d’experts ont participé au webinaire, y compris l’ambassadeur Wael Abou El Magd, ancien directeur du dossier de l’environnement au ministère des Affaires étrangères, et l’actuel ambassadeur d’Égypte au Brésil. Il a souligné que le changement climatique était devenu une réalité constante, même si certains souhaiteraient que la situation reste la même. Il note et confirme que l’activité humaine a eu des effets négatifs directs depuis la révolution industrielle en Europe et aux États-Unis à la fin du 18e et au milieu du 19e siècle. Le plus grave est l’augmentation constante des émissions de gaz à effet de serre et, par conséquent, la fréquence de ce qu’on appelle le changement climatique.

Le deuxième fait confirmé par Abou El Magd est que la situation du changements climatiques n’est pas, et ne devrait pas être, considérée comme un problème environnemental qui ne concerne que les pays développés. C’est une question économique et de développement qui a des répercussions directes sur tous les secteurs économiques d’un pays. Selon Abou El Magd, les pays en développement n’ont en général pas les moyens, la technologie, l’infrastructure ou la capacité financière pour faire face, répondre ou même mitiger les effets néfastes du changement climatique. À ce titre, le passage d’ouragans annuels récurrents dans le sud-est des États-Unis cause quelques décès et quelques dommages aux États-Unis, tandis qu’il anéantit des villes entières dans les Caraïbes.

Cependant, l’Ambassadeur a également mentionné de nombreuses occasions pour les pays en développement de tirer parti des fonds internationaux disponibles pour rationaliser la consommation d’énergie. Ces programmes et technologies permettraient de réduire considérablement la facture d’énergie de leurs entreprises.

Il faudrait également envisager de nouvelles possibilités d’investissement dans les véhicules électriques, le transport de masse et la production d’énergie renouvelable, comme l’énergie solaire et éolienne. En outre, il est nécessaire de capitaliser sur le changement progressif du comportement des gens vers la durabilité et d’explorer les possibilités d’investissement dans des domaines tels que l’agriculture durable, la construction durable, et bien d’autres.

Ce qui est important - selon lui – c’est la nécessité pour les pays développés de fournir les moyens de mettre en œuvre ces initiatives et de contribuer en finançant le renforcement des capacités et le développement.

La question de l’indemnisation des pays en développement qui ont déjà subi des dommages graves et irréversibles en raison du changement climatique pose également problème. La plupart des États et des régions qui ont déjà subi de tels dommages sont des États en développement, les moins développés ou les petits États insulaires. Par conséquent, ils n’ont pas les moyens scientifiques ou financiers de faire face aux pertes causées par les pays développés avec leurs émissions massives au fil des ans.

 

Dr. Laila Iskander, ancien ministre de l’Environnement, a expliqué que les problèmes relatifs à cette question au cours des négociations internationales étaient, plus particulièrement, le refus persistant des pays développés de reconnaître leur responsabilité juridique pour une telle détérioration. Ils se sont rendu compte que l’admission de cette responsabilité était logiquement suivie d’un devoir d’indemnisation, à savoir des obligations financières significatives.

Toutefois, Dr. Iskander a souligné que les demandes répétées des États en développement, en particulier des petits États insulaires confrontés au risque de disparition dû à l’élévation du niveau de la mer, ont mené à un accord sur un mécanisme lors du sommet de Varsovie connu sous le nom de « Mécanisme international de Varsovie des pertes et dommages». Cependant, depuis la création de ce mécanisme, peu à pas de progrès ont été observés.

Dans la plus récente étude sur l’ampleur des pertes et le financement, les experts ont souligné que le Fonds vert pour le climat, qui vise à assister les pays en développement avait besoin d’au moins 23 milliards de dollars, ce qui a mené les grands pays industrialisés à s’éloigner de ces conventions. Selon Iskander, bien qu’il y ait un budget alloué pour s’adapter à cette crise et en atténuer les effets, la question du Fonds vert en tant qu’outil de financement reste très complexe. Cela s’explique par l’incapacité des pays émergents à mesurer les dommages environnementaux, en particulier dans le domaine du développement, et l’impact des changements politiques et sociaux. Selon elle, le changement climatique est devenu une réalité qui exige une modification de nos infrastructures pour mitiger les pertes et les risques.

 

Dans la même veine, l’Ambassadeur Nasser Kamel, Secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée, a décrété que selon les études les plus récentes de plus de 100 scientifiques, le bassin méditerranéen aura des températures supérieures à 20% de la moyenne mondiale, ce qui en fait l’endroit le plus touché après l’Arctique. Cependant, selon lui, la différence entre les deux régions est que la première est la plus peuplée, alors que l’Arctique est inhabité. Cela soulève de nombreuses préoccupations, d’autant plus que l’étude suggère que neuf pays du bassin méditerranéen, dont l’Égypte, sont touchés par le changement climatique.

Cependant, l’Ambassadeur a également souligné que les pays du Sud de la Méditerranée ont la possibilité de mener la région vers une économie « verte et bleue ». Ces pays peuvent exploiter leur richesse en énergie solaire et leur capacité à produire de l’hydrogène vert et des batteries géantes, qui sont devenues un nouveau domaine de stockage de l’énergie électrique dans les véhicules automobiles.

 

Par conséquent, M. Mohamed Bayoumi, président du Groupe sur l’environnement du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) en Égypte, a examiné diverses activités, projets et initiatives menés auxquels il a participé, appuyé par le Programme des Nations Unies.

Bayoumi a expliqué que le changement climatique a créé de nouvelles opportunités économiques, ce qui a augmenté les enjeux de tous les projets de programme en Égypte, en raison de leur contribution aux efforts pour faire face au changement climatique.

Le projet d’efficacité énergétique mis en œuvre en Égypte, qui a permis de réduire les émissions des usines et des entreprises adhérentes, a entraîné une réduction significative de leurs émissions. Dans un même temps, il a permis de réaliser économies substantielles dans leur facture d’énergie, ce qui signifie plus de gains grâce à une meilleure efficacité énergétique.

Bayoumi a déclaré que son équipe se charge de propager une nouvelle façon de penser, en particulier pour les énergies renouvelables à petite échelle, à l’instar de l’utilisation généralisée des lampes LED pour une réduction de 25% de la consommation d’électricité, et l’utilisation de photovoltaïques à prix élevé, qui a ensuite chuté de 90%, ce qui les a rendus abordables pour beaucoup en Egypte, y compris les grandes entreprises.

Bayoumi souligne que l’Egypte augmente sa production d’électricité de 10% par an. Cependant, les énergies renouvelables, les appareils électriques économes en énergie et les cellules photovoltaïques ont permis à l’Egypte de réduire sa consommation et de construire une centrale solaire. En coopération avec le PNUD, l’Égypte travaille également sur plusieurs projets qui limitent l’entrée de la mer dans les zones basses du delta.

Bayoumi a déclaré que certaines zones du delta sous le niveau de la mer ont été observées dans la zone qui a englouti Alexandrie en 2010 et 2012 sur la côte égyptienne. Par conséquent, l’Égypte a obtenu 30 millions de dollars de financement pour sécuriser les sites en basse mer autour de la route côtière. Cela s’est manifesté par la construction d’installations de 30 kilomètres de long ; ces installations sont des dunes naturelles qui se dressent contre les hautes vagues.

 

En ce qui concerne le rôle du secteur privé à cet égard, directeur associé d’Intro Resource Recovery, Mostafa Khairat, a appuyé l’importance de sa participation à de nombreuses questions environnementales, y compris le recyclage des déchets et la production d’énergies nouvelles et renouvelables. Khairat a également souligné la nécessité d’accorder de l’attention à l’impact négatif du méthane provenant de la combustion autour des puits de pétrole et du gaz naturel, et des résidus organiques provenant de l’agriculture et de l’alimentation. Il a ajouté que le méthane était maintenant le plus dangereux et devait être pris en compte, tel que l’ont prédit les nombreuses initiatives européennes qui visent à l’éradiquer de leur continent d’ici 2050.

 

Pour sa part, le Dr. Maha Rabat, ancienne ministre de la Santé et de la Population, a mis en garde contre les effets catastrophiques des changements climatiques sur la santé et la sécurité alimentaire de nombreux pays. Rabat a déclaré que la question était très claire lorsque le monde a fait face à la crise du coronavirus, qui a conduit à la fermeture totale des États pendant plusieurs mois. Elle a également confirmé qu’un événement d’urgence comme le virus Corona avait également annoncé un changement évident sur la carte des maladies non transmissibles et illustré la façon dont les changements climatiques affectent les types de maladies. Rabat a appelé à la nécessité d’examiner toutes les solutions potentielles pour une adaptation à court et à long terme, ainsi que la mise en œuvre de politiques de santé adéquates.

 

M. Mohamed Ali Fahim, professeur de changement climatique au Centre de recherche agricole du ministère de l’Agriculture, a également dépeint l’impact du changement climatique sur le secteur agricole, en particulier la récolte de blé de 2018. Il a parlé du déclin de la production égyptienne d’olives et de mangues cette année en raison de ce qui est désormais connu comme les effets silencieux du climat, qui cette année a été la hausse des températures plusieurs jours avant le temps prévu. De tels changements pourraient gravement nuire à certains pays en leur coûtant, en plus, leur sécurité alimentaire.