La Politique Étrangère américaine en Afrique de l'Est

Mardi, Mars 09, 2021

La Fondation Kemet Boutros Ghali pour la Paix et la Connaissance a organisé un webinaire portant sur "La politique américaine en Afrique de l’Est" pour discuter de la situation actuelle en Afrique de l’Est, qui a été témoin d’une série de conflits au cours des dernières décennies. Au cours de ce webinaire, des experts ont analysé la toute dernière politique de l’administration américaine et ont identifié ses orientations possibles en Afrique de l’Est.

 

Dans son allocution de bienvenue, l’ambassadrice Laila Bahaa El Din, directrice générale de la Fondation, a soulevé de nombreuses questions auxquelles le webinaire cherche à répondre. Parmi elles figure la question des changements que la nouvelle administration apporterait à la politique américaine à l’égard de l’Afrique de l’Est et comment ces changements auraient, à leur tour, un impact sur les intérêts stratégiques de l’Égypte et les possibilités de développement dans la région.

 

M. Mamdouh Abbas, Président de la Fondation, a souligné la nécessité de développer une vision stratégique pour l’Égypte dans la région de la Corne de l’Afrique. Il a également suggéré de travailler sur des propositions pratiques pour la nouvelle administration des États-Unis. M. Abbas a également souligné que la nouvelle administration de Washington mettait l’accent sur la gestion de sa politique étrangère. Il a ajouté que l’actuel conflit "américano-chinois" mène à une polarisation au niveau international, menaçant la sécurité nationale américaine en particulier et l’Occident en général. Les affrontements aujourd’hui ne sont plus dirigés par la menace militaire, mais bien par la technologie 5G.

 

Dans ce contexte, l’Afrique de l’Est apparaît comme une région de forte tension depuis qu’elle a acquis son indépendance. M. Abbas a entre autres souligné l’instabilité de ses soi-disant « États en déroute » ainsi que la crise entre l’Éthiopie, l’Égypte et le Soudan.

 

Dans son intervention, M. Mohamed Fayek, président du Conseil national égyptien des droits de l’homme et ancien ministre de l’Information, a souligné l’importance stratégique de l’Afrique de l’Est pour l’Égypte. Il a expliqué que la région de l’Afrique de l’Est est cruciale pour l’Egypte en ce qui concerne la sécurisation des eaux du Nil, dont l’Egypte dépend exclusivement. L’ancien ministre a également insisté sur la nécessité de sécuriser la navigation en Mer Rouge. "La Mer Rouge, bordée par sept pays arabes, abrite 20% du commerce mondial et 30% du gaz liquéfié, et une énorme quantité de marchandises en provenance de l’Inde, du Japon et de la Chine sont exportés quotidiennement par son biais," affirme-t-il.

 

La présence d’un grand nombre de bases militaires étrangères, notamment à Djibouti, au Somaliland, en Érythrée, au Kenya et en Somalie, a, selon lui, engendré de nombreux problèmes, surtout en l’absence d’un État fort. Le dernier rapport sur la politique étrangère des États-Unis a souligné la nécessité de renforcer le partenariat entre l’Égypte et l’Amérique, de lutter contre le terrorisme et d’assurer la sécurité et le commerce.

 

Pour sa part, M. Amre Moussa, ancien ministre des Affaires étrangères, a souligné la nécessité de séparer l’intérêt de l’Égypte pour la crise de l’eau de la politique américaine en Afrique de l’Est. Il a ajouté que la priorité stratégique des États-Unis d’Amérique dans la région de la Corne de l’Afrique est de confronter la Chine, ce qui en retour affecte le Moyen-Orient. Selon lui, cela exige un dialogue bilatéral entre l’Égypte et les États Est-Africains, sous l’égide du Conseil de paix et de sécurité africain, sur la base des accords régionaux arabo-africains-égyptiens.

 

M. Moussa a conclu son intervention en établissant un parallèle alarmant entre la présence américaine en Afrique de l’Est et ses interventions antérieures au Moyen-Orient, dont la plupart ont eu lieu pendant son conflit avec l’ex-Union soviétique. "J’espère que les États africains s’éloigneront de ce conflit entre l’Amérique et la Chine, et j’espère que cette concurrence stratégique se fera dans le sens de la stabilité plutôt que celui d’un conflit dans la région."

 

Amani Abou Zeid, Commissaire de l’Union africaine en charge de l’infrastructure, de l’énergie et de la numérisation, a confirmé le retour des États-Unis en Afrique. De fait, Washington a cherché à travailler avec l’Union africaine pour soutenir les institutions de maintien de la paix, la coopération économique, l’autonomisation des femmes, la sécurité alimentaire, la cybersécurité et l’économie numérique. Les États-Unis ont souligné l’importance de la cybersécurité, en particulier dans les relations de l’Union africaine avec la Chine.

 

Mme. Abou Zeid a noté que les taux de développement, bien que remarquables, variaient dans la région de la Corne de l’Afrique et étaient entravés par des conflits internes et interétatiques. Elle a ajouté que cette région est un point névralgique mondial, du fait de la présence de câbles marins souterrains et de son potentiel d’énergie exploitable grâce à son activité volcanique. Elle a conclu avec la nécessité de revoir la législation égyptienne sur la cybersécurité pour le bénéfice futur de la coopération égypto-africaine.