L'Économie Mondiale après COVID-19

Dimanche, Juin 28, 2020

La fondation Kemet Boutros Ghali pour la paix et la connaissance a organisé un webinaire sur l’économie après la COVID-19 afin d’analyser les répercussions économiques de la pandémie.

 

Mr. Mahmoud Abbas, président de la Fondation, a ouvert le débat en déclarant que bien qu’il n’y ait aucun moyen de prédire avec exactitude les dommages économiques découlant du confinement mondial, les économistes s’entendent généralement pour dire que cela aura de graves conséquences sur l’économie mondiale. Les dommages économiques de la pandémie sont caractérisés par une baisse simultanée de l’offre et de la demande, associée à une augmentation du taux de chômage et à une baisse de la productivité du travail à long terme.

 

L’ambassadeur Moushira Khattab, présidente exécutive de la Fondation, a souligné les sévères répercussions du confinement imposé à plus de 90 pays. Ces restrictions ont déclenché une profonde récession à l’échelle mondiale, dans les économies développées et en développement. Cette profonde récession laissera probablement des traces durables telles que l’érosion des investissements humains, et le déclin du commerce mondial et des chaînes d’approvisionnement.

Du côté de la santé, le virus a infecté près de neuf millions de personnes, faisant près d’un demi-million de morts, et le nombre de cas continue de croître à un rythme alarmant. Mme Khattab a déclaré que le côté économique est tout aussi effrayant, avec des revenus nuls pour la plupart des entreprises, un arrêt des dépenses et des impayés dans le remboursement de dettes, et des gouvernements qui dépensent des millions de dollars pour des programmes de relance et se démènent pour trouver un vaccin.

 

D’après de récents rapports, la Banque mondiale prévoit que l’économie mondiale se contractera de 5,2%, annonçant ainsi la récession la plus importante depuis la Seconde Guerre mondiale. L’activité économique des pays développés devrait également diminuer de 7 % en 2020. Enfin, les revenus par habitant devraient diminuer de 3,6 %, ce qui plongera des millions de personnes dans l’extrême pauvreté.

Les participants au webinaire ont ensuite discuté de la macroéconomie et de la microéconomie ainsi que de l’avenir des petites et moyennes entreprises. Ils ont souligné l’importance de mettre en œuvre des mesures budgétaires et monétaires ciblées durables et de soutenir les ménages et les entreprises touchés au niveau national en investissant dans le capital humain et les PME.

 

Mme. Hala Al Said, Ministre de la Planification, a expliqué comment le gouvernement égyptien s’est efforcé de protéger ses citoyens contre le virus par des mesures de précaution et des plans de relance économique. Bien que la plupart des secteurs aient beaucoup souffert de ces mesures, d’autres, comme les secteurs médical et agricole, en ont profité pendant le confinement. Contre toute attente, le secteur agricole égyptien a bénéficié d’une augmentation de 34% des exportations pendant la crise.

 

Les mesures de précaution prises par le gouvernement égyptien sont sans précédent. Selon Mme. Said, le gouvernement a instauré des augmentations exceptionnelles des salaires et des pensions, révisé les seuils d’exonération fiscale et relevé le salaire minimum. Mis à part la pandémie, le compte budgétaire du pays s’est amélioré, le rapport de la dette publique au PIB a diminué et les réserves de change sont à des niveaux confortables, couvrant huit mois d’importations de marchandises. En outre, le gouvernement a travaillé à la mise en œuvre des Objectifs de Développement Durable des Nations Unies au niveau local pour venir en aide aux gouvernorats et assurer un meilleur mode de vie pour tous les Égyptiens.

 

Mr. Mahmoud Mohi El Din, envoyé spécial du CSNU pour le financement des ODD, a déclaré que l’économie post-COVID-19 est une économie de peur. Le monde a dû faire face à trois chocs d’un seul coup : la santé, l’économie et la finance. Lors de crises antérieures, les experts s’inquiétaient généralement de la performance économique et de son impact négatif sur les vies humaines, "mais cette fois nous sommes tous inquiets pour les êtres humains et comment ils survivront à la pandémie", a ajouté Mohi El Din.

De plus, il indique que nous devrions calculer la croissance prévue avant la pandémie, que les experts ont prévue à 3 %, puis ajouter la contraction prévue de l’économie mondiale. Selon ce scénario, nous serons confrontés à près de -10%, ce qui signifie des légions de citoyens sans emploi, un nombre considérable de personnes poussées au-delà du seuil de pauvreté, et une aggravation des inégalités de revenus et de répartition des richesses.

 

Mme. Rola Dashti, chef de la Commission économique et sociale pour l’Asie Occidentale (CESAO), a déclaré que tous les aspects de la croissance économique, notamment aux niveaux social et humanitaire, devraient être impartiaux, et converger en un un processus global et inclusif capable d’atteindre un équilibre sectoriel et régional. La crise humanitaire sans précédent de la COVID-19 a durement touché les femmes et les travailleurs irréguliers, en particulier au niveau régional. Selon elle, la réponse des gouvernements mondiaux a été tout aussi formidable puisqu’ils ont alloué 9,6 trilliards de dollars, soit près de 11% de leur PIB, pour répondre aux besoins des plus démunis.

 

Mme Dashti a déploré que la part de la région arabe dans ce chiffre soit de 100 milliards de dollars, ce qui ne représente que 4 % de leur PIB collectif, ajoutant que la région a besoin de 100 milliards de dollars de plus pour inverser l’impact de la crise de la COVID-19. Les pays à revenu moyen et faible ont alloué l’équivalent de 6,3 % de leur PIB pour contrer les répercussions du virus, ce qui reflète la forte dette des pays arabes. Elle a appelé les gouvernements arabes à élargir leur espace financier et à adopter des mécanismes de dépenses innovants.

 

Au sujet du rôle joué par les institutions financières internationales (IFI) pendant la crise, Sir Danny Alexander, vice-président de la politique et de la stratégie à la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB), a déclaré que la pandémie a eu des répercussions sur plusieurs secteurs de l’économie en Asie. L’impact disproportionné sur les secteurs à faible revenu, et les effets négatifs sur le commerce entre États ont fait de la coordination entre les IFI un outil essentiel pour atténuer les conséquences de la pandémie.

Selon Sir Alexander, l’AIIB, qui finance trois projets énergétiques en Égypte, a coordonné ses efforts avec la Banque nationale d’Égypte pour financer les besoins des secteurs privé et public.

 

Pour Hisham Ezz El Arab, PDG de la Commercial International Bank (CIB), la solution à la pauvreté mondiale ne consiste pas à imposer des impôts plus élevés aux riches, mais plutôt à permettre aux gens d’avoir une éducation de qualité et à démocratiser les services de santé.

Au sujet des répercussions de la pandémie de COVID-19, Ezz El Arab a souligné que la pandémie a entraîné l’effondrement de modèles d’affaires viables, ce qui a causé des difficultés financières, des pertes d’emplois, une augmentation des prêts non productifs, la vente d’actifs et l’insolvabilité. Pour contenir la récession, les gouvernements et les banques centrales ont alloué des fonds importants aux entreprises au moyen de prêts. Selon Ezz El Arab, cela devient plus complexe pour les marchés émergents et les économies en développement (EMDE), car ils sont plus à risque en raison des limites de leurs systèmes financiers et de leurs ressources.

 

La crise de la COVID-19 a touché 90 % de l’emploi des entreprises privées dans les pays en développement et devrait causer la première récession en Afrique subsaharienne en 25 ans, anéantissant les progrès durement réalisés dans la réduction de l’extrême pauvreté. Une solution de rechange au financement par emprunt est le capital-actions, qui peut prévenir l’insolvabilité potentielle, car il fournit un financement pour la continuité des activités et protège les modèles d’affaires contre d’autres chocs potentiels.

 

L’ambassadeur Maged Abd El Fattah a soulevé la question des répercussions financières de la pandémie sur des pays comme le Liban et la Jordanie. Selon lui, la classification de crédit des deux pays rendait difficile l’obtention de subventions ou de prêts internationaux auprès d’institutions financières internationales comme la Banque mondiale et le FMI, ce qui limite leurs capacités à faire face à la pandémie ou à toute crise financière. Il s’est demandé s’il était possible de modifier les classifications adoptées par ces institutions pour faciliter l’obtention d’aides.

 

Le Professor Mohamed Othman El-Khoshet, président de l’Université du Caire, a présenté les conclusions et les recommandations d’une étude menée par plusieurs départements sur les répercussions de la COVID-19. L’étude, achevée fin avril 2020, prévoyait une hausse de l’inflation faisait état de la nécessité urgente de renflouer les secteurs du tourisme et de l’aviation civile afin d’atténuer les répercussions du confinement et des mesures imposées par les gouvernements du monde entier pour ralentir la propagation du virus.

 

D’un point de vue éducatif, Mr. El-Khoshet a déclaré que l’Université du Caire travaille dur pour améliorer son système en ligne depuis 2017 ; l’université a donc réussi à s’adapter à la situation.

L’Université du Caire a également contribué à la société lorsque son hôpital éducatif, Qasr Al Ainy, a consacré 400 lits aux patients atteints de la COVID-19. En outre, cinq équipes de chercheurs scientifiques ont produit un quart des recherches scientifiques du pays explorant le code génétique du virus et son génome.

 

Pour clore la séance, Mme Khattab a salué la contribution de tous ceux qui ont participé à la discussion, qui a été l’une des toutes premières à être organisées sur l’impact de la COVID-19 sur l’économie.