Journée Internationale de la Francophonie

Le Caire, Egypte | samedi, mars 20, 2021:

 

Chers amis 


Mesdames et messieurs


Bonjour,


À l'occasion de la Journée internationale de la Francophonie,  je m’adresse à vous aujourd'hui au nom de la fondation Kemet Boutros Boutros-Ghali, pour marquer cette journée dédiée à la langue française qui rassemble plus de 300 millions de personnes dans ce que l'on appelle “l'espace francophone”. 


C'est l'occasion pour les Francophones du monde entier d'affirmer leur solidarité et leur désir de vivre ensemble, dans leur différence et leur diversité. Malheureusement, en raison de la flambée de la pandémie COVID-19, l’Égypte, comme la plupart de nos pays ayant le français en partage, a dû annuler les événements prévus pour célébrer la diversité culturelle et linguistique.


L'Égypte a adhéré à l'Agence de Coopération Culturelle et Technique en 1983, précurseur de l'Organisation internationale de la Francophonie. Son histoire avec le français, cependant, remonte à bien plus longtemps que cela. Les liens qui unissent l'Égypte à la langue française sont, de fait, jalonnés par plusieurs événements.


Le français s'est tout d’abord avéré être un outil de contact inestimable, véritable catalyseur d'un souffle nouveau. L'ouvrage intitulé "La Description de l’Égypte" et le déchiffrement de la pierre de Rosette par le français Champollion ne sont que deux exemples parmi tant d'autres de l'impact culturel immense qu'exerce le français en Égypte jusqu'à nos jours.


C'est surtout à partir de la première moitié du XIXe siècle, avec les missions éducatrices en France de Mohamed Ali Pasha, que la langue française devient une langue de savoir et d'enseignement, ainsi que la langue de l'administration et de la cour. Elle s'implante ainsi dans les sociétés diplomates, savantes et juridiques ; devient un moyen de contact, d'ouverture et de communication internationale. L’intronisation de la culture française parmi le peuple Egyptien, quant à elle, ne s’est véritablement faite qu’après la publication du mémoire du réformateur Rifa’a Al-Tahtawi relatant son séjour à Paris.


Aujourd’hui, l’Égypte compte plus de 12 établissements scolaires d’enseignement français et 60 écoles bilingues. Dans le domaine de l’enseignement supérieur, l’implantation de filières francophones dans les facultés égyptiennes connaît une croissance importante, notamment à l’université du Caire, d’Alexandrie et de Mansoura. Ce retour du français dans le monde universitaire égyptien est toutefois couronné par la création de l’Université Française d’Égypte.


Il est impensable de parler de la Francophonie en Égypte sans mentionner le rôle joué par Dr Boutros-Ghali, notre éminent francophone et francophile. Remarquable Secrétaire général des Nations unies, il fut le premier secrétaire général de l’OIF, à laquelle il a donné un visage et une voix reconnue dans toutes les instances régionales et internationales. 


C'est à son arrivée en 1998 que la Francophonie institutionnelle a vu le jour et qu'elle est devenue une organisation structurée, assurant un nombre de missions sans cesse croissant. Dès le début de son mandat, la diversité culturelle et linguistique apparaît en évidence dans le discours officiel de l'OIF. En effet, Boutros-Ghali affirmait inlassablement qu'en défendant le pluralisme linguistique, nous défendions la langue française. Son objectif était de faire de la diversité culturelle et du dialogue des cultures un véritable instrument au service du règlement pacifique des conflits et de la promotion d'une culture de paix.


Pour reprendre ses propres termes, "la Francophonie est par elle-même une réponse à la mondialisation à laquelle nous sommes confrontés. C'est une manière de dire que l'universalité n'est pas l'uniformité, et que la globalisation n’est pas la banalisation. C'est un moyen d'exprimer et de célébrer la diversité des peuples et la diversité des cultures."


L'Égypte a l'honneur d'abriter une des institutions de l'Organisation internationale de la Francophonie, l’Université Senghor d'Alexandrie, phare de la francophonie moderne. Ce projet ambitieux, élaboré par de grands hommes dans une optique de développement du continent africain, a été une réussite inouïe, au-delà de toute espérance, et contribue aujourd'hui à former plus de 2000 cadres africains de 37 nationalités.


L'université Senghor, que l'Égypte est fière d’accueillir, n'aurait probablement pas vu le jour - et certainement pas en Alexandrie, sans Boutros-Ghali. C’est lui en effet qui a signé le protocole d'accord de siège de l'université Senghor, en présence de plusieurs chefs d’États.



Face au défi d'autres langues, Boutros-Ghali a trouvé la solution; en prônant la diversité culturelle et le pluralisme linguistique, il a lancé les bases d’une famille francophone où s'expriment de nombreuses cultures et civilisations qui s'enrichissent mutuellement. À cette occasion, nous saluons les successeurs de Boutros-Ghali, M. Abdou Diouf et Mme Michaëlle Jean, et louons leurs efforts et leur dévouement à la Francophonie.


Enfin, nous aimerions conclure par une autre citation de Boutros Ghali qui résume à merveille l’esprit de cette Journée: "la Francophonie peut servir de courroie de transmission entre les états développés et les états en développement. Elle permettra de renouveler le dialogue Nord-Sud, elle relève le défi de promouvoir le multilatéralisme et plurilinguisme”. À cet égard, nous continuons de soutenir et d’apprécier les efforts de Mme Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de la Francophonie, dans tous les domaines de coopération entre les États membres.


Je vous remercie.